RIC : Rhumatisme Inflammatoire Chronique
Partie 1
Comment gérer au mieux ses douleurs corporelles chroniques pour vivre mieux sa sexualité.
Les rares études publiées sur l’impact du rhumatisme inflammatoire chronique (RIC) sur la sexualité des patients, mettent en exergue comme facteurs à l’origine des difficultés rencontrées de nombreux paramètres tels que la raideur articulaire, la douleur, la fatigue, le stress psychologique…
Autant de symptômes qui peuvent entraver la qualité de vie amoureuse, la qualité de vie sexuelle notamment en rendant certaines positions inconfortables et douloureuses. La restauration de cette qualité de vie amoureuse et sexuelle est nécessaire, importante. Elle peut se présenter comme un puissant antalgique naturel.
Avoir mal, lutter pour ne plus avoir mal, se sentir mal d’avoir mal… Physiquement la douleur contracte et la contraction fait mal. La personne qui souffre se contracte. Et, cette contraction va augmenter et entretenir la douleur. Elle finit par épuiser physiquement et mentalement l’individu puis le coupe progressivement de ses envies, voire de sa vie. Composer avec elle n’est certainement pas facile, mais des solutions existent. L’une des premières approches pour apprivoiser sa douleur consiste à se relaxer. Grâce aux techniques corporelles on peut apprendre à se décontracter. Cela aide à moins souffrir. La première étape sera donc de se re-familiariser avec sa respiration.
La respiration est d’une part la première activité physique qui assure le bon fonctionnement des organes pour fournir de l’oxygène aux muscles aux tendons, aux cellules… Cette activité modérée peut être un premier pas vers un apaisement de la douleur vu l’immensité des domaines physiologiques, qu’elle recouvre. D’autre part, ce processus automatique, de va-et-vient d’air dans le corps, fait de façon autonome qui semble aller de soi, mais qui n’en est rien malheureusement, est sans doute plus difficile et parfois plus douloureux qu’on peut le supposer. Ce mouvement de pince fictive effectué par les muscles intercostaux pour faire monter l’ascenseur imaginaire des côtes du haut vers le bas et du bas vers le haut pour prendre et lâcher l’air à tendance à se bloquer lorsque nous sommes face à la douleur.
Cela nous amène à nous retenir, à contracter nos muscles à bloquer nos articulations pour ne plus ressentir la douleur. La difficulté à respirer ne réside pas vraiment au sens purement mécanique du terme, mais dans la relation étroite qu’elle entretient avec ce que nous ressentons. Nous le constatons souvent par exemple que selon l’intensité, la fluctuation de nos douleurs, notre respiration devient restreinte. Elle peut aussi s’accélérer, devenir superficielle, irrégulière. Elle peut passer du halètement au souffle court au ronflement. Elle peut changer d’intensité, de vitesse. Elle peut aussi être ample et aisée dans d’autres circonstances. De toutes ces situations, on remarque déjà quelle que soit la douleur, comment elle parvient à altérer notre respiration et provoquer dans notre corps, des contractions, des raideurs.
C’est la raison pour laquelle, je vous invite dans un premier temps à vous exercer que vous soyez couché(e) assis(e), ou debout (en fonction de vos possibilités) à vous exercer à respirer. Je vous invite à mobiliser votre cage thoracique, qui à force de doubles nœuds, physiques, mentaux liés à la douleur ont contracté votre diaphragme. Il est ce grand muscle qui partage le buste en deux et agit comme un soufflet sur la respiration et qui, détendu, calme la nervosité atténue les contractions et calme de ce fait la douleur.
Partie 2
Une gestion au quotidien par la respiration
- Placez les deux mains sur la cage thoracique comme pour l’envelopper. Comme deux pinces, elles vous aideront à refermer les côtes dans l’idée d’exercer une pression pour les rapprocher, sans exagération.
- Inspirez sur quatre temps, en comptant lentement jusqu’à quatre, en rentrant tout d’abord le ventre, puis en maintenant la pression sur les côtes, et en envoyant l’air le plus haut possible jusqu’aux voies aériennes supérieures (au niveau de la clavicule). Marquez un petit temps d’arrêt.
- Expirez par le nez, toujours sur quatre temps. Abaissez la poitrine, refermez les côtes et gonflez légèrement le bas du ventre sans lâcher la taille pour pousser l’expiration jusque dans le bassin puis jusqu’au bout des pieds, sans forcer.
- Relâchez l’intérieur du corps n’implique pas de relâcher sa posture. Vu de l’extérieur, le corps ne bouge pratiquement pas.
- La respiration est un mouvement intérieur qui ne nécessite pas de faire des mouvements extérieurs. C’est elle qui donne le « la » aux différentes parties du corps qui s’ajusteront automatiquement.
Répétez l’expérience le plus souvent que possible. Vous pouvez faire 10 respirations en le temps d’inspirer longuement et lentement et de faire votre expiration tout aussi longuement et profondément. L’inspiration et l’expiration seront d’intensité et de durée équivalentes.
Si vous avez du mal à savoir si vous respirez jusque dans le bas de votre ventre, faites le test suivant, il vous servira d’auto-correcteur.
- Placez vos mains sur le bas de votre ventre.
- Inspirez lentement par le nez sur quatre temps en rentrant le ventre.
- Marquez un petit temps d’arrêt.
- Puis expirez lentement sur quatre temps par le nez en abaissant la poitrine, en relâchant les côtes et surtout en gonflant le bas de votre ventre. Vous pourrez sentir qu’à l’expiration, elles se soulèvent légèrement. C’est le signe que votre expiration va jusque dans le bas de votre ventre.
- Plus vous parviendrez à descendre votre expiration plus votre nouvelle inspiration sera longue, plus par la suite votre expiration vous aidera à faire basculer le bassin. De fil en fil en aiguille, vous aurez une réelle maîtrise sur vos mouvements
- N’hésitez pas à passer du temps sur l’apprentissage de cette respiration est la clef du soulagement pour apaiser la douleur physique et psychique
Mon conseil
Il est nécessaire de respecter l’ordre des mouvements. Chaque chose se fait l’une à la suite de l’autre pour éviter les mouvements saccadés. Prenez votre temps. Ne faites pas de mouvement brusque.
Vous aurez peut-être l’impression d’étouffer, de ne pas pouvoir prendre suffisamment d’air ou d’expirer tout l’air absorbé. C’est normal. Ce sont les inconvénients auxquels on est souvent confronté lorsque la cage thoracique a du mal à se déployer ou à se refermer.
Pour éviter ce désagrément, inspirez et expirez encore plus lentement et concentrez-vous sur le mouvement des côtes. Vous devez sentir cet ascenseur imaginaire des côtes monter et descendre lorsque vous respirez.
Petit à petit, avec la répétition des différents mouvements qui composent la respiration, vos muscles intercostaux vont regagner en souplesse. La manipulation de votre colonne d’air sera plus aisée et votre respiration plus ample. Dès lors vous retrouverez ou découvrirez le plaisir à respirer amplement.
Vous pouvez pratiquer cet exercice à tout moment de la journée pour vous exercer : soit en position couchée soit en position assise ou encore debout. Cet exercice peut s’inclure facilement dans votre quotidien et vous en verrez les bénéfices très rapidement.
Partie 3
Le journal de bord de la douleur : Les prémisses d’une auto-observation
Pour apprécier votre travail corporel quotidien de la prise en charge de votre douleur, noter ces bénéfices, vos difficultés, construisez-vous un petit journal de bord de la douleur.
Cette façon de procéder va vous inciter à adopter une attitude d’exploration et de curiosité à l’égard de vos propres processus internes. Elle va vous permettre d’observer ce qui se passe en vous. En vous observant, vous allez y noter vos progrès difficultés, à installer cette respiration dans votre quotidien pour que l’on puisse en discuter.
Relevez les caractéristiques de votre douleur, ses fluctuations. Cela sera autant d’indices qui peuvent vous aider ainsi que votre personnel soignant pour apporter des solutions plus précises sur vos maux.
Bon courage à tous pour ce premier travail et à bientôt pour une deuxième étape de la gestion physique de ses douleurs pour mieux vivre sa sexualité.